De retour à l’auberge du Niat, il décida de commander un verre pour se fondre dans la masse grouillante des badauds pour en apprendre d’avantage sur les rumeurs en cours : peut-être y avait-il quelques informations intéressantes à recueillir parmi tous ces ragots.
Grimaçant légèrement devant l’agression de l’alcool brûlant qui descendait lentement dans sa gorge, il sourit amèrement en pensant que c’était la première fois qu’il avait réellement l’occasion de tromper la vigilance de son père et de boire à souhait. Il s’assombrit à l’évocation de son père et ressentit de nouveau cette fureur chaude l’envahir en repensant au Roi Hylmar. Il désespérait de pouvoir se venger maintenant, immédiatement. Plusieurs fois il avait été tenté de faire marche arrière et de retourner vers la forteresse de son ennemi mais aucun de ses scénarios n’aboutissait à autre chose que son emprisonnement ou la mort.
Pour se changer les idées, il se mit à écouter le groupe de quatre personnes assises à la table de droite et qui semblaient plongés dans une conversation fortement animée :
- … dans la légion Vellmaryenne, il m’a tout raconté je vous jure ! argua le plus petit.
- Mais arrête de dire n’importe quoi ! le coupa un autre, au crâne rasé tatoué de symboles tribaux. Tu nous as déjà servi un truc dans le genre y a pas une semaine de çà !
- Je veux bien mais cette fois c’est du solide : mon cousin est capitaine dans la flotte Vellmaryenne à bord du Soulriver et il est passé y a quelques jours pour prendre des nouvelles. Son escadre à été définitivement relevé dans les systèmes Joventiens. Vous savez ce que çà veut dire ? C’est le début de la fin pour les anciennes Légions.
- T’exagère un peu quand même : comment on pourrait faire disparaître la plus grande flotte de la galaxie en service depuis près de dix siècles ?
- Regarde un peu autour de toi ! Le petit se pencha un peu plus sur la table avec un air de conspirateur : le Régent Hylmar n’as pas attendu longtemps pour mettre ses plans à exécution. Près de la moitié des officiers de la garde sénatoriale sont des Paedrans maintenant. Ya qu’a voir ici avec toutes ces patrouilles et ces vaisseaux qui arrivent chaque jours : le régent est sur un gros coup j’te dis.
- Tu dis surtout souvent des conneries Natch, prend un verre et calme-toi un peu. T’aimerais pas que çà s’apprenne tout çà ? Tu sais j’ai un frère qui bosse dans la garde Paedran, je suis sûr qu’il aimera entendre parlez de toi…
Il y eu un bref silence puis le dernier intervenant éclata de rire suivit aussitôt par tout le groupe qui recommença à parler de sujets plus « locaux ».
Arkïn se repositionna plus confortablement dans son fauteuil et pensa à ce que venait de lui apprendre ce Natch : Les systèmes Joventiens étaient à la frontière entre Vellmarys et Taïsa, si ceux-ci n’étaient plus protégés par la flotte Vellmaryenne quelle autre flotte avait pu être chargé de cette mission ? Il semblait difficile d’imaginer que les Paedrans aient subitement acquis assez de puissance pour réorganiser les flottes impériales.
Dès son plus jeune âge le seigneur Nemett Eyness, le père d’Arkïn, avait scrupuleusement veillé à ce que son fils ainé ait droit à une éducation poussée en ce qui concerne les cercles de pouvoirs et le fonctionnements des institutions Impériales. Bien que tout cela lui sembla maintenant très loin, il se félicita de pouvoir se rappeler parfaitement les principes fondamentaux du jeu de pouvoir.
Alors qu’il en était encore à analyser pensivement ces dernières informations sur les intentions cachées du Roi Hylmar, il ne vit pas entrer la patrouille Paedranne. Un quatrième homme restant à l’entrée, les trois autres soldats vinrent jusqu’au comptoir. Le jeune fugitif essaya de ne pas trop paraître surpris mais se raidit légèrement sur son siège prêt à tout. Le sergent Paedran s’approcha du droïde au comptoir et commença a lui parler sur un ton autoritaire. Mais malgré le ton de l’homme, le brouhaha général empêchait d’entendre la discussion. Le droïde répondit quelque chose et l’homme posa une autre question en fronçant les sourcils. Le droïde écarta les mains en signe d’impuissance puis se détourna de l’homme pour venir s’occuper d’un client qui lui tendait un verre vide.
Le sergent Paedran observa quelques instants la pièce tandis que deux de ses hommes semblaient en pleine discussion avec l’une des danseuses. Finalement l’homme le vit. Leurs regards se croisèrent un instant jusqu’à ce qu’Arkïn décide qu’il était temps quitter les lieux. Il se leva de son fauteuil et fit mine de prendre la direction du sas d’entrée tandis que le Paedran se fraya un chemin vers lui en bousculant les clients qui juraient à son passage.
- Eh ! Toi là-bas ! Arrête-toi !
Arkïn fit comme si de rien était tandis que l’homme le poursuivait toujours. Au dernier moment, profitant de l’ombre d’un pilier il changea de direction et parti vers les escaliers menant aux étages. Mais il avait sous-estimé la vitesse de son poursuivant quand il sentit une main gantée s’abattre violement sur son épaule.
- J’ai dit : stop !
S’arrêtant sur place Arkïn fit mine de se rendre en armant son poing droit et vint donner un rapide circulaire au visage de l’homme dont la tête reparti sur le côté. Sentant la pression de son adversaire diminuer, Arkïn enchaîna avec un coup de genou au visage pour le dégager. L’homme parti en arrière et s’effondra au sol dans un bruit sourd tandis que ses deux acolytes s’arrachaient à leur contemplation pour lui foncer également dessus.
Arkïn avança dans leur direction et saisit au passage deux assiettes à moitié vide sur une table avant de les envoyer droit sur les deux hommes. Le premier la reçut en plein dans le visage et lâcha son bâton anti-émeute pour se saisir le visage à deux mains. La deuxième assiette frôla l’autre qui se baissa un instant avant de continuer sa course et de d’allumer son bâton dont les deux extrémités crépitèrent d’énergie.
Lun 2 Mai - 16:14
