Les moissons d’Amandre avaient été bonnes cette année et au village d’Orian Kiir la vendange était terminée et les coopératives rassemblaient les fûts en cave pour faire décanter les fruits et obtenir ainsi plus tard la précieuse liqueur célèbre dans toute l’Alliance Impériale pour son processus de fabrication original et conservé depuis des milliers d’années.
Les champs étaient vide autour de la bourgade qui se targuait d’être le plus grand village du continent. Orian Kiir disposait même d’un petit aérodock avec ses deux pistes au nord.
C’était ce dernier point qui intéressait particulièrement Arkïn Eyness, allongé à la lisière de la forêt, sur le flanc ouest du grand village. Cela faisait déjà quelques heures qu’il était arrivé là, observant les petites tours d’hab rouge délavé aux toits ronds en forme de cônes aplatis. Les derniers jours avaient été rudes : ses rations étaient totalement épuisées malgré le rationnement sévère auquel il s’était appliqué.
Il lui avait fallu deux fois plus de temps que prévu pour rejoindre le village, les hommes du Roi Hylmar étaient partout depuis l’épisode du camp. Des patrouilleurs aériens avaient été dépêchés, rendant tout mouvement impossible le jour et déposant des patrouilles au hasard dans la grande forêt. Arkïn avait également la très nette impression que les Paedrans savaient déjà où il allait et tentaient de le bloquer.
Il avait échappé à deux reprises à une capture de justesse et avait abattu quatre autres de ses poursuivants. Et maintenant qu’il avait enfin atteint le village, il hésitait. L’occasion était trop belle : la population locale était assez nombreuse et le commerce assez important pour qu’un étranger ne s’y fasse pas remarquer. De plus, il avait besoin de nouveaux vêtements.
Mais la disparition soudaine des patrouilles aériennes ces trois derniers jours le rendaient paranoïaque. Il avait la très nette impression de se jeter droit dans un piège. De son point d’observation, il avait patienté pendant deux heures avant d’apercevoir le premier habitant hors des murs de la cité. Pour un village rural, c’était plutôt étrange même à cette heure tardive.
Finalement, un énième gargouillement de son estomac eu raison de son instinct et il s’approcha des murs du village d’Orian Kiir.
Il lui fallut une bonne demi-heure pour arriver par l’une des entrées secondaire de la petite cité. La porte était fait dans un alliage de métal couleur de bronze et ne laissait passer pas plus de quatre hommes de front. Deux miliciens locaux y étaient postés, leurs vielles carabines cinétiques posées contre la porte. Avisant qu’aucun des deux ne portaient la tenue ou le blason des Paedrans, il s’approcha et franchit le pas qui l’amena de l’ombre sous la pleine lumière des trois projecteurs fixés sur la porte.
Les deux miliciens le regardèrent approcher sans toucher à leurs armes. Ils devaient penser avoir affaire à un jeune trappeur de retour d’une chasse particulièrement longue : autant jouer le jeu, se dit-il.
- Halte ! Nom, métier et raison de ta venue à Orian Kiir, mon gars ! clama soudainement le milicien de droite, en se relevant de la table où il était assis.
- Nast Tossly, chasseur, je cherche un abri pour la nuit et de quoi me changer, j’ai de quoi payer. Dit calmement Arkïn en prenant l’accent d’un Nymérien et en dévoilant quelques crédits.
L’autre milicien se leva à son tour, et l’observa d’un œil critique, peu convaincu :
- Tu m’as l’air un peu jeune pour un chasseur… tu ne serais pas plutôt une de ces sales pillards ? demanda-t-il, agressif. Hein, qu’en pense tu Xo ?
- C’est vrai que c’est louche un jeune comme çà qui se ramène en pleine nuit… Où est ton père ? Les chasseurs travaillent toujours en famille. Çà je le sais çà !
« Ça démarre mal… » pensa le prince avant de répondre :
- Il est mort. Je chasse seul maintenant, pour vivre.
Cette révélation adouci un peu les miliciens qui se détendirent légèrement et parurent moins agressifs dans leurs questions :
- Désolé petit, on pouvait pas savoir. S’excusa le premier.
- Ouais, mais bon comment tu chasses si t’as pas de fusil ? demanda le dénommé Xo.
Il leur montra son pisto-épine et son épée :
- J’ai mes méthodes.
- D’accord. Ça me va, il me plaît ce petit. Il peut passer ?
- Pour moi c’est bon. Il se retourna vers les ombres à sa droite et dit : et pour vous sergent ?
Arkïn essaya de ne pas sursauter en découvrant un troisième milicien sur le côté, dissimulé dans les ombres. Le sergent s’avança légèrement, il portait une longue cape avec capuche qui dissimulait une armure légère en plaque de titane. L’armure avait du être blanche et verte autrefois mais les années avaient émaillé la peinture, laissant apparaître le métal en plusieurs endroits. Un holster de hanche portait ce qui semblait être un pistolet Tarkan-9, une arme de gros calibre réputé pour ses propriétés ballistiques et fabriquée par le royaume Wanyen. Sa deuxième arme était difficile à manquer, un énorme fusil de précision Dragonis était fixé magnétiquement dans son dos. Une arme mortelle d’une précision extrême uniquement magnée par les tireurs d’élites. Arkïn aurait également pu jurer que la cape était en Noxar, rendant son propriétaire littéralement invisible aux yeux organiques ou électroniques. Qui que soit ce sergent, le jeune homme doutait que ce soit le genre de la milice locale. Son visage était masqué par l’ombre de sa capuche mais l’on devinait qu’il était assez âgé.
- C’est bon les gars, laissez-le passer. Il ne nous dit pas tout mais il a ses raisons et c’est suffisamment pour moi.
- Reçu sergent. Acquiesça le premier garde avant de se retourner vers lui : Bienvenue à Orian Kiir.
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Mar 1 Mar - 23:49
