Alors que le jeune prince entrait dans le village, l’un des nombreux observateurs Paedrans posté à la lisière des bois abaissa ses jumelles en souriant. La proie venait de se jeter littéralement entre leurs mains ouvertes. Il saisit son COM d’une pression sur l’appareil fixé à sa tempe droite et contacta le commandant Mezaedr.
- Commandant, ici l’unité 6-2, confirmons la position de la cible sur zone, côté ouest. Parlez.
Au début un long silence accueilli ses paroles, troublé seulement par des parasites puis un déclic se fit entendre, annonçant le début de la transmission :
- Bien reçu 6-2, confirmez-vous votre position au secteur Nedra-7 ? parlez.
- Position confirmée, je suis en place comme prévu près de Raptor-six. Parlez.
- Quelle est la situation de votre escouade 6-2 ?
- Escouade opérationnelle et en attente, Commandant.
- Je ne suis pas commandant. Terminé.
L’observateur resta un moment hébété devant ce dernier commentaire. Il eut un mauvais pressentiment et vérifia l’état de son unité COM. Tout d’un coup, il se rendit compte d’une présence juste au-dessus de lui. D’un mouvement vif, il tenta de se saisir de son pistolet dans son holster mais une botte d’armure le plaqua au sol. Il se sentit écrasé par le terrible poids de l’armure ennemi tandis qu’on lui retirait son arme de poing. Une voix synthétique semblable à celle qu’il venait d’entendre lui ordonna brutalement :
- Lève-toi.
Le pied qui le bloquait fut retiré pour lui permettre de bouger à nouveau et il se leva en tendant ses mains vides.
- Regarde-moi maintenant.
Il pivota lentement sur lui-même pour voir son agresseur et se figea de terreur. Un soldat en armure énergétique dont les circuits étaient légèrement luminescents entre les plaques d’armures, brillant d’un jaune feutré, pointait un énorme fusil radiant, dont les cellules énergétiques actives laissaient échapper un faible grésillement menaçant. L’armure elle-même était peinte dans un alliage de couleurs blanche et or avec des bandes orange et rouge qui s’entremêlaient. Le casque de l’armure était profilé, tout en arrêtes avec une visière rétro-éclairée rouge en Y. Le soldat Paedran se demanda comment une armure aussi étincelante avait pu déjouer l’attention des sentinelles et se rapprocher aussi prêt de lui.
- Que me voulez-vous ? je suis désarmé maintenant. Demanda finalement l’Observateur Paedran.
- Premièrement, que tu cesses de mentir : tu viens d’utiliser ta deuxième chance. Il ne t’en reste plus qu’une fait attention. Deuxièmement, où aura lieu l’embuscade pour capturer le prince héritier ?
- Je ne sais pas de quoi vous voulez parlez.
Un cliquetis désapprobateur fut émis par le système auditif de son casque tandis que :
- Ne joue pas avec moi, la loyauté est un noble idéal mais elle n’est pas faîte pour les types dans ton genre.
- Je vous assure que…
L’étranger leva son arme et en pointa l’énorme canon sur le front du Paedran.
- Dernière chance de m’apprendre la vérité, si tu es sincère je t’épargnerai sûrement.
- Je ne vous ai parlé qu’une fois, dit-il en ouvrant les bras : je ne peux pas vous avoir menti deux fois !
L’autre émis un petit rire qui résonna métallique :
- Celle-là ne comptera pas. Tu m’as dit que ton escouade était opérationnelle n’est-ce pas ?
Un sentiment étrange de malaise grandissant s’empara de l’Observateur tandis que ses yeux s’écarquillaient en comprenant finalement.
- Vous les avez tous tué…
- Pas tous : tu es encore là toi, aux dernières nouvelles ?
Tout en parlant, l’étranger agitait son arme de manière désinvolte et manquait de quelques centimètres, à chaque passage, la tête de sa proie.
- Dernière chance mon jeune ami : où et à quel endroit comptez-vous piéger le prince héritier ?
- Très bien… le commandant Mezaedr à prévu d’attendre le traître sur la place du marché sud à 19h. Râla-t-il en baissant la tête, il fit une courte pause puis demanda en regardant à nouveau fixement son agresseur : Alors vous me laissez partir maintenant ?
L’autre baissa son arme et se retourna, offrant son dos à l’Obseravteur. Le Paedran en profita pour tendre doucement sa main droite vers son poignard ionique, caché dans son étui sur la cuisse. La lame glissa dans sa main et il se figea quand il entendit l’autre lui répondre finalement :
- Je te laisserai partir à une seule condition, répond à cette dernière question : Va tu partir sans te retourner ou tenter de m’assassiner comme tu penses pouvoir le faire ?
Le Paedran se jeta sur l’autre pour le poignarder à la nuque.
Quelques instants plus tard, le soldat en armure s’avança sur la corniche, observant pendant quelques minutes le ciel s’éclaircit progressivement, les noirceurs de la nuit étant peu à peu chasser par l’aurore. Puis il déverrouilla les sécurités de son col et ôta son casque révélant le visage d’une jeune femme aux yeux gris et aux traits d’une beauté peu commune. Elle saisit ses longs cheveux blonds et les libéra de l’entrave du col, les laissant flotter dans la brise matinale. Pensivement, elle entreprit de nettoyer le fil de son épée souillé du sang de l’observateur et de l’escouade 6-2 avant de presser une commande qui rétracta la lame par section qui pivotèrent pour se ranger en une courte barrette métallique qu’elle fixa dans un logement de son armure, sous son avant-bras droit. Elle se retourna vers le cadavre de l’observateur qui finissait d’agoniser, affaissé sur ses genoux, tentant vainement de retenir ses entrailles répandues au sol. Elle lui jeta brièvement un coup d’œil avant de partir en disant :
- Évidement…
***