Entrant dans sa chambre, il s’aperçut que quelqu’un l’attendait, assis dans l’un des fauteuils adossé à un mur près de la fenêtre. Il reconnut d’emblée le sergent des miliciens de la ville.
- Que me voulez-vous ? demanda-t-il en rapprochant sa main de son holster de cuisse. Le Sergent semblait pacifique et ne portait apparemment aucune arme mais il ne voulait prendre aucun risque.
- Eh attend, tu me demande même pas comment je suis entré ? ni même mon nom ? dit le sergent en écartant les mains.
- Ça ne m’intéresse pas.
Le vieux sergent hocha la tête et sembla se résigner :
- Aucun respect pour le talent de nos jours… soupira le vétéran en laissant tomber ses mains sur ses cuisses : eh bien dans ce cas tu pourras t’adresser à moi par mon grade, Nast Tossly. Nous devons parler affaire toi et moi.
- Parler « affaires » ? répéta Arkïn en fronçant les sourcils.
- Oui, comme tu le sais, des gens pas très recommandables en ont après toi et tous ceux qui ont plus ou moins rapport avec toi. Que m’importe ce que tu penses de moi, je suis là pour t’aider, et crois-moi tu en as grandement besoin.
Le jeune Eyness cessa de tripoter l’ouverture de son holster et fixa toute son attention sur son interlocuteur :
- Que savez-vous sur moi ?
- Premièrement, tu es en fuite et je sais qui te poursuit. Deuxièmement tu cherches à quitter ce coin perdu et il te faut donc un moyen de transport. Et enfin, je sais que « Nast Tossly » n’est pas ton véritable nom.
Arkïn alla s’asseoir sur son lit face au vieux sergent et ne répondit pas tout de suite. Il ne fallait pas qu’il sache à quel point tout cela était vrai mais il avait réellement besoin d’aide et ce vieux soldat pouvait lui être utile.
- En clair vous ne savez pas grand-chose : c’est vous qui m’avez fait rentré en ville et vous en avez sûrement assez vu pour deviner que je suis un fugitif auquel cas mon identité serait sûrement fausse. Découvrir qui me poursuit est assez évident après la bagarre de ce soir, quand à deviner que je cherche à quitter cette planète c’est assez simple comme but à donner à un fugitif !
- Tu marques un point fiston. Apprécia-t-il en éclatant de rire. Mais tu m’as mal compris : je me fiche de savoir réellement qui tu es. La seule chose qui importe pour moi est que tu as des ennuis avec Hylmar et ses Paedrans. Tu n’as pas besoin de me dire pourquoi. Ici, on n’aime pas trop ces serpents et comme le dit l’adage : les ennemis de mes ennemis sont de bons amis.
Un long silence accueilli cette déclaration. Arkïn n’osait pas encore accorder sa confiance à cet inconnu qui lui tendait littéralement tout ce qu’il avait rêvé ces derniers mois : un moyen de se venger. Se tournant à demi vers lui fixant le regard sur le mur, il lui demanda :
- Et qu’y gagnerez-vous en échange de ce service ?
- En échange ? eh bien je connais du monde ici et là. Une personne dans ton genre peut toujours nous être utile. Je sais également que tu pourrais vraiment nous aider en nous parlant de ta dernière escapade.( Arkïn leva un sourcil d’étonnement). Oui, oui je sais que tu sors tout juste des entrailles de Serpentis. Avec un peu de chance, d’ici un an, avec tes informations, les Paedrans ne seront plus qu’un mauvais souvenir…
Le jeune prince examina son interlocuteur pour voir s’il plaisantait mais hormis un vague sourire, ce dernier semblait parfaitement sérieux. Il réfléchit quelques instants pendant lequel le vieux sergent se mit à mâchonner un vieux cigario à moitié brûlé.
Lun 2 Mai - 16:21
