Arkïn se réveilla longtemps après l’aube et il lui fallut un moment pour réaliser où il était. Un profond sentiment de désespoir l’envahit quelques instants après qu’il ait réalisé que ce lit ne se trouvait pas sur Taïsa dans la résidence familiale mais bien dans une modeste auberge d’un patelin perdu. Néanmoins il lui fallut nettement plus de temps pour se convaincre de bouger hors du lit : ce genre de confort qu’il avait cru élémentaire lui avait vraiment manqué ces derniers jours.
C’est en soupirant qu’il se rendit à la salle d’eau pour se laver. La veille il n’avait prit qu’une douche rapide avant de s’écrouler sur son lit mais il comptait bien profiter des avantages du confort moderne ce matin. Deux heures plus tard, il était aussi propre que possible et pour la première fois depuis longtemps, il était détendu et un peu plus optimiste sur le nouveau tour qu’avait pris sa vie ces derniers temps.
Avisant ses vêtements troués de toute part par cette longue fuite, il les enfila quand même pour pouvoir sortir. Il verrouilla la porte de sa chambre et descendit dans le hall d’entrée de l’auberge. La pièce était assez vaste mais basse de plafond, les murs d’un vert terne régulièrement éclairés par des néons jaunes rendaient l’atmosphère assez lourde mais toujours accueillante. Il salua le tenant des lieux, un androïde longiligne qui était affairé à nettoyer les bouteilles d’Amandre et de Tsuka alignés dans un champ suspenseur au dessus du comptoir rétro éclairé.
Esquivant les rares clients en cette heure matinale, il sortit par la porte principale qui s’ouvrit en sifflant devant lui. Dehors, les rues étaient quasi désertes dans ce quartier, et seuls quelques camions d’entreprise passaient çà et là pour décharger leurs marchandises aux échoppes, ateliers et usines.