Arkïn avait pu regrouper tout ce qui restait des forces d’assaut rebelles. Leur travail était terminé ici. Alors qu’il courait en direction du périmètre extérieur, il contacta les largueurs qui les attendaient pour l’extraction et leur donna le signal.
Se retournant, il fit signe à son groupe, une trentaine de soldats en tout, de se remettre en courir vers la clôture électrifiée tandis qu’elle était soufflée par les deux charges à datra qu’ils avaient posées en arrivant. Sa petite troupe le suivit au pas de course tandis que les tirs les survolaient au hasard. Ils descendirent à toute vitesse en direction de la plaine gelée que constituait le fleuve Nordra. L’atmosphère était déconcertante avec ces explosions discontinuent que faisaient les bombardiers Maraudon en explosant les uns après les autres au grès de l’incendie qui se propageait, le tout avec la sirène d’alarme hurlant son chant.
Arkïn se sentait démoralisé. Tout allait pour le mieux pourtant : ses équipes avaient réussi à neutraliser la plupart des sentinelles sans se faire repérer et avaient installé les brouilleurs magnétiques censés aveuglé l’ennemi qui les avait confondu avec ceux embarqué dans les bombardiers. Pendant que les sentinelles étaient occupées avec les brouilleurs, ils avaient pu tranquillement placer des charges explosives aux endroits stratégiques qui, lorsqu’elles seraient activées par le compte à rebours, annihileraient la majorité des bombardiers présents dans la BA de Tekta.
Puis tout avait commencé à aller de travers, il avait fallu neutraliser plus tôt que prévu les patrouilles ennemies qui avaient finalement découvert le subterfuge. Et la malchance avait voulu que le groupe d’Arkïn se fasse surprendre en plein découvert par une patrouille. Maintenant, alors que la mission était accomplie dans ses objectifs principaux, le jeune homme avait la sensation d’avoir trahi le sergent Metza en l’abandonnant là-bas. Ses dernières paroles l’avaient troublé au plus profond de lui-même.
Pour l’heure, il fallait repousser toute ces doutes. Il avait encore la responsabilité de trente âmes qui comptaient sur lui pour revenir en vie. Il consulta son chronex et s’aperçu qu’il restait moins de six minutes avant l’explosion des bombes.
Ils entendirent finalement le bruissement sourd des réacteurs tandis que les dix largueurs passaient en approche finale et que leurs doubles portes latérales s’ouvraient pour laisser entrer les soldats rescapés. Arkïn s’approcha du largueur de commandement et aperçu le lieutenant Gez’al qui s’était penché par-dessus-bord en se retenant à la main courante au plafond du petit vaisseau.
A travers le blizzard projeté par les turbines du largueur, Arkïn entendit le Vellmaryen lui crier :
- Félicitation Mr. Tossly ! j’ai l’impression que vous leur en avez fait baver là-bas ! Il lui prit le bras pour l’aider à grimper à bord : vous avez réussi ? çà a marché ?
- Oui les explosifs ont été correctement placées, tout va sauter dans quatre minutes ! hurla le jeune prince en retour.
- Bien, nous en avons donc terminé ici.
- Non, ordonnez à l’escadre de rentrer à la base puis faîtes nous faire demi-tour : nous devons chercher le sergent Metza.
- Quoi ?
- Il est là-bas ! je l’ai vu se battre avec un Paedran mais il m’a ordonné de le laisser.
Le lieutenant en resta quelques instants pensif tandis que le largueur s’élevait rapidement et que les turbines s’inclinaient pour le faire prendre de la vitesse. Il regarda la BA de Tekta en flamme avec ses projecteurs qui fouillaient le ciel de leurs rayons perçants puis il ferma les yeux un instant avant de murmurer et de se retourner vers le jeune Taïsan :
- Nous ne pouvons pas faire ça. Il faut rentrer à la base.
- Il n’en est pas question ! lui cria Arkïn : je n’aurai jamais du l’abandonner là-bas, seul. Laissez-moi lui porter secours !
- En mettant en danger cette mission, cet appareil et cet équipage ? répondit fermement Anathéus. Non je ne peux vous laisser faire çà. Nous devons regagner la base rebelle.
- Je suis en charge de cette opération ! je vous ordonne de faire demi-tour !
- Je ne peux pas obéir à cet ordre : Mr Tossly, regagnez votre siège et laissez-moi vous ramener. Je vous promet que nous mettrons sur pied une opération de sauvetage.
Arkïn le repoussa dans le fond de l’appareil et se dirigea tant bien que mal vers le cockpit où les deux pilotes suivaient amorçaient le vol de retour. Il agrippa l’épaule du copilote et lui cria en plein visage :
- Je vous ordonne de faire demi-tour immédiatement, survolez la base aérienne de Tekta à la recherche du signal COMlink du Sergent Metza, nous allons le…
Il ne finit jamais sa phrase car une violente douleur le prit au niveau de la nuque et qu’il commença à s’évanouir. Alors que sa conscience s’étiolait il eut juste le temps de voir le visage d’Anathéus penché au-dessus de lui avec un regard d’excuse et en train de lui dire :
- Excusez-moi monsieur, c’était nécessaire…
Puis tout devient noir.
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Lun 2 Mai - 16:31
