Introduction

Les deux lunes d’Ishal baignaient la forêt d’Ysaël d’une douce lueur bleutée tandis que le fort vent du Nord faisait se mouvoir lentement les arbres aux feuilles argentées, illuminant le ciel de millions d’éclats scintillants. Du ciel, cette atmosphère était lumineuse, pleine de vie mais au sol sous l’épaisse canope des arbres, loin de la lumière qui tentait vainement de se frayer un chemin vers la terre, l’atmosphère était étouffante et l’air glacial.

Postés sur un rocher, surplombant un chemin tortueux à travers les bois, deux loups Fenydr se tenaient droits, le museau fièrement relevé, balayant de leurs yeux aux reflets topaze leur domaine. D’ordinaire plutôt agressif à toute intrusion sur leur territoire, la meute Fenydr ne chassa pas l’intrus lorsqu’il apparut au détour du virage.

C’était un petit humain, richement vêtu et serrant dans ses mains une étoffe grossièrement pliée. Alors qu’il approchait en courant et en haletant sous l’effort, la lumière lunaire révéla des coupures récentes sur le visage du garçon dont le teint d’albâtre était souillé par le sang. Ses yeux d’un bleu vif étaient grand ouverts, les pupilles dilatés de terreur semblaient fixer la route sans vraiment la voir.

Il portait une tunique vert sombre avec un ceinturon noir et argent dont la boucle était ornée d’un aigle aux ailes déployées. Un lourd médaillon en or pendait à son cou par une chaînette tandis qu’un étui pour une courte dague battait à son flanc. Il portait également une cape d’apparat à la livrée grise et bleue mais qui comme toute ses possessions avait été réduit à l’était de guenilles par les multiples coupures reçues.

Arrivé en bas de la première pente, le jeune homme s’arrêta, regardant autour de lui, perdu. Tandis qu’il cherchait désespérément une issue à ce cauchemar, il aperçut finalement les deux Fenydrs qui l’observaient, immobile mais menaçant.
Le désespoir envahit à nouveau l’humain qui sentit ses jambes meurtries l’abandonner tandis qu’il se retrouvait à genoux face aux deux prédateurs. Il s’affala au sol, sentant la texture glacée de la neige contre son front et l’humidité de cette dernière commençant à pénétrer dans ses vêtements en loques. D’une voix rendue rauque par le malheur, la souffrance et l’épuisement il souffla :
- Pourquoi… pourquoi moi ?...
Relevant la tête, il chassa ses larmes mêlées de sang, grimaçant au contact de sa main gelée sur ses plaies récentes. Il inspira profondément en fermant les yeux et hoqueta de douleur en sentant la morsure de la plus sévère de ses blessures. Finalement il rouvrit ses yeux et fixa les deux Fenydrs qui s’étaient rapprochés, se tenant maintenant à seulement trois mètres de lui, immobiles. Observant les crocs aiguisés de ses futurs bourreaux, il fut pris d’un petit rire hystérique qui lui secoua les épaules convulsivement. Il se força à arrêter en sentant ses blessures revenir à la charge de nouveau. Expirant un long soupir, il observa les deux prédateurs postés face à lui. Il resta un moment à les fixer des yeux avant de lâcher un autre râle en secouant négativement la tête et de dire :
- Par les Lames, je n’en peux plus ! Tuez-moi ou épargnez-moi mais ne restez pas là à me fixer ainsi.
Les deux Fenydrs ne réagirent pas pendant un instant puis l’un d’eux s’éloigna tandis que l’autre s’obstinait à le juger de son regard perçant.
- Que me veux-tu ? s’énerva le jeune homme. N’as-tu rien d’autre à faire ? Va tourmenter quelqu’un d’autre !
Le jeune homme tenta de se relever mais le sang lui tourna et il vit trouble avant de s’effondrer de nouveau dans la neige, inconscient.

Curieux, le loup s’approcha pour renifler l’étranger, voyant qu’il était désormais sans défense le Fenydr commença à hésiter, se balançant d’une patte sur l’autre. Avant même de l’avoir vu, il avait senti que l’humain était blessé et le sang avait attisé sa faim. Et de voir le liquide carmin suinter des plaies et commencer à se répandre dans la neige en tâche sombre avait fini par décider le Fenydr. Il s’approcha en grognant.

Mais au moment de serrer les crocs de sa gueule sur la gorge offerte du jeune garçon, il hésita une fois de plus. Troublé, il recula et se mit à décrire des cercles autour de la silhouette allongée. Quelque chose dans cet être pulsait, d’une onde qui résonnait étrangement dans l’esprit du loup. Quelque chose qui l’empêchait de passer à l’acte.

Soudain, lorsqu’il comprit qu’il ne pourrait passer se sentiment, le Fenydr s’en retourna vers la tanière de la meute sans un regard en arrière.



Le silence étreignit de nouveau la forêt sombre d’Ysaël et la neige commença peu à peu à recouvrir le corps inanimé de l’humain de son manteau duveteux. Quelques instants passèrent avant qu’une silhouette n’émergent des ombres entre les arbres. Entièrement recouverte d’une cape noire avec capuche, l’on ne distinguait aucun de ses traits et seule l’armure noire de ses jambières pouvait indiquer qu’il s’agissait d’une femme. Elle s’approcha d’une démarche fluide et furtive, ne laissant aucune trace de pas dans la neige pourtant épaisse en cette saison. L’inconnue s’agenouilla un moment au côté de l’humain et plaça ses mains gantées sur ses blessures au flanc et à l’épaule. Une faible lueur argentée jaillit de ses paumes et les plaies se résorbèrent, avant de se cicatriser puis de laisser la peau aussi saine qu’au jour de sa naissance.

Ayant achevé son œuvre, elle se redressa et parla d’une voix lente et mélodieuse :
- N’oublie pas que tu n’as pas le droit d’abandonner, Nous avons trop besoin de toi… J’ai besoin de toi…
Elle se pencha sur le visage toujours inconscient du jeune homme et laissa un baiser furtif sur sa joue offerte. Puis, se redressant, elle sortit un poignard et s’entailla rapidement le dos de la main gauche avant de répéter le rituel sur celle du jeune homme. Elle plaqua sa blessure contre l’autre et laissa le sang se mêler tandis qu’une autre forme de lueur se mit à rougeoyer en formant un anneau de symboles autour des deux poignets. La lueur s’éteignit brusquement et elle se releva et s’en fut sans se retourner, disparaissant entre les arbres.

Quelques instants plus tard, des cris et des lumières en provenance du chemin principal troublèrent de nouveau le silence nocturne des bois. Le jeune homme se réveilla soudainement et se retourna vivement vers les bruits de pas de plus en plus proches.

Il se releva en chassant la neige collant à ses vêtements puis se pencha pour récupérer l’étoffe. Il se figea en constatant l’absence de coupure. Interloqué, il s’examina en faisant jouer ses muscles soudain libérés de la souffrance qu’il le harassait depuis des mois et des mois. Toutes ses blessures avaient été résorbées hormis une petite entaille sur le dos de sa main gauche. Remerciant secrètement les Lames d’avoir enfin répondu à son appel, il se prépara à repartir lorsqu’il aperçut le poignard à demi enfoui dans la neige. Il avait dû se couper en tombant dessus.

Il le ramassa, l’observa quelques secondes en ne notant rien de particulier et le glissa dans l’une des rares poches encore intactes de sa cape de voyage. Avec le temps, aux cris et à la lumière s’était ajouté un son caractéristique : les cliquetis métallique d’armes et d’armures ainsi que le bruit sourd de bottes de combat. Ses poursuivants se rapprochaient, encore une fois.

Cherchant des yeux les loups Fenydrs, le jeune homme se contenta de hausser les épaules et repartit sur le chemin avant de le quitter quelques instants plus tard pour couper à travers les bois et de disparaître dans les profondeurs sylvestres.



Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que la patrouille de vingt guerriers en armure à la livrée brune striée de rouge écarlate et portant le blason d’un serpent crachant des flammes, ne parviennent sur les lieux. Ils firent halte un instant pour laisser le temps à leurs traqueurs de vérifier la présence d’empreintes sur le sol. Les soldats se déployèrent, certains portant des épées semi-énergétique, mais la plupart était équipé d’un fusil énergétique neural, une arme mortelle entre de bonne main.

Une silhouette massive en armure carmine se tenait au centre, attendant le résultat des traqueurs qui s’employaient maintenant à vérifier que leurs estimations étaient confirmées par leurs scanners portatifs. L’un d’eux hocha finalement la tête et se retourna vers leur chef :
- Nous le tenons Seigneur, dit-il en tendant la main vers le chemin qui continuait dans les profondeurs de la forêt. Le fugitif n’a pas plus de quatre demi-unités de temps d’avance sur nous, il est à portée. Il a perdu beaucoup de sang.
- Bien, envoyez deux messagers au Roi Hylmar le prévenir de notre progression et faîte venir un vaisseau. Le chevalier en armure carmine regarda un instant le ciel masqué par les branchages : maudite de forêt… aucune communication ne passe ici. Bien, continuons. Allons ramener notre proie au Bastion et finissons-en, cela n’a que trop duré.
- Oui Seigneur.
Le chef des traqueurs fit signes à deux soldats équipés de vieux pistolets cinétiques et relaya l’ordre de leur commandant.

La troupe continua sur la piste tandis que les deux messagers partaient en direction opposée. Après avoir couru quelques instants ils échangèrent un regard et accélérèrent, le dernier paierai sa tournée. Les soldats étaient si concentrés sur leur cheminement qu’aucun des deux ne vit les loups Fenydrs dominant la piste. Aucun des deux ne vit les loups se jeter sur eux.
Aucun des deux ne vit la mort arriver.

J'ai remarqué un truc:
Si on ne lit pas le 1er paragraphe et on s'arrête au paragraphe qui commence par "Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que la patrouille de ..."

Je ne peux pas faire la distinction entre un héroic-fantasy et science fiction. La description fait vraiment heroic-fantasy. Peut être rendre ça plus futuriste? On ne porte déjà plus de cape à notre époque par exemple.
Ceinturon, dague, médaillon d'or, guenille. Ces mots donne une image un peu ancienne.
- Ceinturon>ceinture (c'est ce qu'on utilise maintenant) ;
- dague (peut être apporté une précision sur la matière, sans tombé dans du ringard du genre: disco-dague laser à impulsion) ;
- médaillon d'or> pourquoi pas un autre minerais rare de notre cher phénix (à moins que l'or est gardé sa connotation dans l'univers)
- guenille > réduite en lambeau (par exemple, on doit pouvoir trouver mieux)

Cela me fait penser un peu à warhammer 40k, où on est en présence d'un univers médieval futuriste.

Sinon c'est toujours aussi bien écrit.

Merci pour le compliment sur l'écriture, j'espérai ne pas avoir perdu la main.

Pour ce qui est de ta remarque, elle est en fait au centre de tout ce récit : il est vrai que dans la plupart des textes que je vous ai fait lire, la structure de l'environnement, les vêtements et les usages étaient très fortement imprégnés d'une présence technologique futuriste.

Mais comme pourra en attester geoffrey, l'univers de Phenix Empire regorge beaucoup de "médieval futuriste" pour te citer. Que ce soit les peuples Naos avec leurs temples ou sur les planètes les plus isolées de l'Empire Taïsan, des traces d'ambiance médievale sont très forte.

La principale est sûrement celle à laquelle tu n'as selon moi pas pensé : la présence importante d'arme de mêlée aux coté des armes de tir.

A notre époque, les épées, haches, fléaux et autres masses d'armes ont disparus des us et coutumes de la guerre car ils sont dépassés par rapports aux armes de tir.

Dans ce futur qu'est Phenix Empire, de telles armes sont courantes et viennent compléter les armes de tirs. La raison de leur présence est même l'un des sujet principal de ce récit.


Mais une des raisons les plus évidente est l'existence de nombreux et très efficaces moyens de défense tels que boucliers et armures énergétiques rendant les tirs parfois inutiles ou plus souvent insuffisants et donnant ainsi toute leur crédibilité aux armes de mêlée.

Mon choix de vocabulaire est conscient et la différence entre une ceinture et un ceinturon est que ce dernier a une boucle plus grande et généralement très ornementée. C'était, je pense, le meilleur moyen de préciser l'appartenance à une caste noble du personnage principal. Pour exemple les capes sont de cérémonie au Sénat Imperialis.

Sur le fond, je ne peut être que d'accord avec toi mais je te propose de lire la suite pour revenir sur ce sujet sachant que le début du récit se passe sur un monde roturier mais que le reste se déroule sur des plans plus modernes.




Par contre j'ai une question importante pour moi à te poser :

->A quoi t'attend tu comme situation immédiatement après cette introduction? Si c'était une page, que penserai-tu y lire en la tournant pour débuter un premier chapitre?

J'ai trois versions de cette section et je ne sais laquelle choisir. Je ne te dirai pas encore lesquelles j'ai imaginé pour ne pas t'influencer.

j avous que le concept des loups m echappent un peu. car je ne connais pas leur specificite ici. ils sont gros? ce genre d info qui fait qu ils vont pouvoir zigouiller une troupe de traqueur.
Pour la suite, soit on parle de l attaque des loups, soit on repasse au fugitif qui continue sa progression.

Sinon je d accord avec tes remarques. Pour moi les armes de corps a corps ne sont remise en cause. De nos jours les militaires ont toujours des dagues. guerre mondial y avait les baillonettes etc…

Les loups ne sont ici que des figurants, je ne compte pas m'attarder dessus.

Ensuite ils ont "zigouillé" seulement deux coureurs pour l'instant.

Pour ce qui est de la suite, cela partait effectivement sur la traque mais j'avais envisagé trois scénarios :
-1- suite immédiate de la traque et capture
-2- suite immédiate de la traque et poursuite jusqu'à échappatoire
-3- suite longue : le fugitif aurait réussi à semer ses poursuivants et ceux-ci ne le retrouverait que quelques années plus tard. Un moyen peu élégant mais efficace de couper court à la période de l'adolescence et de passer directement à l'âge de jeune adulte du personnage principal.


Pour ce qui est des armes de corps à corps de nos jours, je me suis peut être mal fait comprendre mais il y a une différence cruciale : aucune armée ne dispose actuellement de troupes uniquement spécialisées au corps à corps utilisant des armes de mélée.

La baïonnette n'est d'ailleurs qu'un accessoire(devenant une arme bien sûr) mais qui n'est pas l'équipement principal du soldat. Et si on remonte à la seconde guerre mondiale, les seules armées à utiliser alors des armes de corps à corps sont les officiers généralement équipés de sabre et d'un pistolet. (ou début du conflit l'archaïque cavalerie polonaise décimée).

C'est selon moi toute la notion d'arme principale. Dans Phenix Empire, tes Alphas n'ont pas d'armes de tirs et malgré que ce soit des créatures, c'est aussi parce qu'ils ont de bonnes armures qu'ils peuvent assumer leur rôles.

L'Empire et plusieurs factions possèdent également plusieurs unités uniquement équipée d'armes de mêlée et dotés de protection supérieure pour parvenir opérationnelles au contact.

Bref j'espère m'être fait comprendre.

Bon ben pour les différentes suites possibles, j'espère que tu m'auras donné une réponse d'ici demain, je suis de garde et j'ai donc pas mal de temps à tuer... ^^

scénario 1: permettra de mieux connaître les poursuivants. Si on est en debut d'histoire, mieux vaut laisser le suspens.

scénario 2: créera une tension, une dynamique et accrochera le lecteur.

scénario 3: créer du mystère, peut donner envie de lire la suite pour savoir. Certes moins sexy.

J'aime bien le 2eme pour ce qui est de mon opinion. Car ça donne clairement de l'action rapie et on se sens plus vite dans l'histoire.

Ok, on va partir sur le deuxième scénario alors. J'avais plutôt choisi le troisième car je voulais passer sur les jeunes années du personnage principal. Mais bon c'est vrai que de le faire de but en blanc dès le début comme çà ce n'est peut être pas une bonne idée.

Bah j'aurais tout le temps de créer ce blanc plus tard. Je vois déjà où.

Globalement j'ai déjà écrit beaucoup pour ce récit, mais je l'ai fait en "éclaté" et je dois maintenant raccorder toutes les sections entre elles. Le plus dur quand on procède ainsi mais çà rend le travail très flexible.

Bon je vais à la garde, je suis troisième sentinelle alors j'ai au moins quatre heure à attendre avant mon tour. De quoi écrire pas mal... Bonne journée et à samedi!