MANDIUM // HISTORIQUE : quelques heures avant l'invasion...

Le Sergent-chef Maliri était entrain de vérifier le contenu d'une note de service sur le tableau auxiliaire lorsque l'un de ses subordonnés vînt le chercher. Maliri gérait une équipe d'une quinzaine d'hommes et de femmes spécialistes en transmissions et qui opéraient à la base de la tour radar de X4-414.

Le Sergent-chef suivit l'opérateur jusqu'à son poste en réprimandant deux d'entre eux d'être trop avachis sur le poste. Arrivé, il suivit la direction que lui indiquait l'opérateur sur l'écran. Il s'agissait d'un communiqué en provenance de la base planétaire Zeratine sur Infimü : le rapport était un message d'urgence transmis par l'avant poste pour signaler que…

Maliri relut plusieurs fois l'information avant d'en être sûr : cela ne pouvait être vrai…
- Confirmation de Mandium Primaris? Demanda-t-il à l'opérateur sur un ton sec.
- Toujours en attente, chef, le signal n'est parvenu qu'ici pour l'instant et à deux vaisseaux de la Flotte Orbitale. L'Altaria et le Mortisius. Dois-je transmettre l'ordre de…
- Non. Coupa le Sergent-chef. Nous devons d'abord nous assurer de l'authenticité de l'information avant de …
- Mais Chef, tous les certificats sont valides! Infimü est …
- Taisez-vous! Rugit Maliri : C'est à moi de prendre cette décision et je ne vais pas prendre le risque d'envoyer des fausses alertes et de déclencher une mobilisation pour une erreur. Je vais de ce pas en avertir le Capitaine du 3ème Bataillon.

Mais à peine s'était il retourné après avoir verrouillé la console de l'opérateur qu'une vive lueur suivit d'une forte onde de choc fit trembler le verre blindé de la tour radar. Toute les personnes se levèrent et observèrent ahuri le terrible cratère qui constituait seulement quelque secondes auparavant l'entrepôt principal et le dépôt de munition.

Une série d'explosions secondaires enflammèrent la piste principale lorsque les réservoirs et les munitions des chasseurs Faucon prirent feu les uns après les autres dans une réaction en chaîne destructrice. Maliri observa ahuri des silhouettes en flamme se tortillant en agonisant tandis qu'elles couraient au hasard sur le tarmac avant de s'effondrer au sol pour y être consumer par le feu.

Quelques techniciens et soldats essayèrent désespérément de faire avancer deux Faucon avant que la série d'explosion ne détruise toute l'escadrille. Un des chasseurs daigna finalement avancer suite à la poussée d'une exo-armure de levage. Mais l'autre n'eut pas cette chance explosa en projetant des débris partout alentours.

Le Sergent-chef reprenait à peine ses esprits, la sirène de l'alarme générale lui vrillant les oreilles lorsqu'il entendit un coup de feu derrière lui. Il se retourna juste à temps pour voir un autre coup de feu perforer la visière du dernier des deux gardes présent dans la salle. L'instant d'après il eut à peine le temps d'esquisser un mouvement vers son arme de poing dans son holster à la cuisse lorsqu'il reçu un coup si puissant qu'il l'envoya valser de l'autre coté de la salle, l'écrasant contre une console dont l'écran s'étoila sous le choc au même moment que Maliri perdait conscience.

Il dut rester un peu de temps inanimé car lorsqu'il rouvrit les yeux, la situation avait changé : une escouade de soldats en livrée brunes tenaient en otage les huit opérateurs terrifiés tandis que l'incendie semblait apparement avoir dévoré un autre bâtiment. Se redressant, il réalisa qu'il était lié par des menottes magnétiques devant une exo-armure Calystéra qui le menaçait d'un long révolver aussi carmin que le blindage de son porteur.
- Relevez-vous! Ordonna la voix filtrée par les hauts parleurs de la Calystéra.

Il obéit sans réserve, suivant des yeux le canon du révolver avec une impression peu déplacée en ces circonstances : il était sûr qu'il n'en réchapperait pas. D'un mouvement sec, la Calystéra l'intima de se mettre face à la console qu'il réalisa être celle qu'il supervisait un peu plus tôt.
- Ecoutez-moi bien Sergent-chef Maliri, je vais détachez vos mains et vous allez les placer sur la console. Bien. Maintenant vous allez faire exactement ce que je vous commande : entrez dans la base de données et supprimez les droits d'émissions d'Infimü et de tout vaisseau à son ancrage.
- Qui êtes-vous? Osa-t-il demander : je ne cautionnerai pas la moindre action allant à l'encontre de mes devoirs envers les Empereurs et je puis vous dire que…

La Calystéra ne répondit pas et se servit de la crosse de son revolver pour lui décocher un coup à la tête qui le renvoya au sol et menaça également de l'assommer de nouveau. Il sentit le sang s'insinuer dans sa bouche alors qu'il tentait de se retourner pour faire face à ses ennemis. La Calystéra réactiva les menottes magnétiques lui liant les poignets. Elle se retourna de nouveau et fit signe à ses soldats de lui amener l'un des otages. Deux brutes en armure brunes soulevèrent du sol une jeune opératrice et la jetèrent sans ménagement aux pieds de la Calystéra avant de se réaligner avec leur escouade.
Maliri connaissant bien la jeune femme qui se tenait prostrée au sol, l'opératrice Deazia. Elle faisait parti de son équipe depuis près de cinq ans maintenant et avait toujours affiché un enthousiasme sans limite pour son travail pourtant peu reconnu. Maintenant, elle le fixait de ses yeux hagards, avec un hématome en train de bleuir sur sa tempe, du sang à la commissure des lèvres, cherchant dans le regard de son supérieur une quelconque aide.

La Calystéra la releva sans ménagement, dominant la petite opératrice, et la fit s'asseoir à la console affichant toujours le message à relayer.
- Très bien, à ton tour de m'écouter : tu vas poser tes mains à plat sur la console et faire exactement tout ce je vais te dire : bloque les communications d'Infimü et supprime les droits d'émission de leurs vaisseaux!

Deazia semblait figée par la peur qui s'était saisie de ses membres tremblotant, tandis qu'elle sanglotait en silence devant la console. L'exo-armure rouge sombre réitéra son ordre en lui plaçant le canon de son arme sous la nuque. Alors qu'elle armait le revolver, Deazia se mit à parler très faiblement. La Calystéra releva son arme et se pencha pour l'écouter :
- Que dis-tu? Résonna de nouveau la voix dure et métallique de l'armure.

Mais l'opératrice ne semblait pas en mesure de faire autre chose qu'articuler. Alors finalement la Calystéra se redressa et retira son heaume, révélant le visage d'une Naos aux traits d'une rare beauté, même pour les gens de sa race. Elle se rapprocha encore de l'opératrice jusqu'à avoir son visage au niveau de celui de Deazia. Cette dernière sembla un instant se perdre dans le regard perçant et envoutant qui lui faisait face.

Et finalement elle recouvra la parole :
- Non…, je ne peux pas vous laisser faire…
- Tu le feras. Lui assura la Naos en ne cessant de fixer le regard apeuré de sa proie.

Dans un geste d'une lenteur calculée et sans regarder, elle leva son revolver et fit feu. Maliri sentit une explosion de douleur au niveau du genou gauche et dût se mordre la langue pour ne pas hurler sa douleur en voyant un flot de sang se répandre de sa rotule déchiquetée.

Le tir avait fait sursauter Deazia qui fixait maintenant, terrifiée, les chairs meurtries de son supérieur se tordant de douleur sur le sol en rependant le liquide poisseux et carmin sur le sol dallé de la salle. Une main gantée lui enserra le visage tandis que la Naos la forçait de nouveau à affronter son regard d'or. Deazia sembla balbutier quelques paroles inaudibles, tandis que la porteuse de l'exo-armure hochait doucement la tête.
- Je vous laisserai rejoindre les autres membres de la base si tu fais ce que je te demande. Lui assura-t-elle.

Jetant un dernier regard à Maliri, celui-ci pu se rendre compte que Deazia semblait comme envoutée, incapable de faire autre chose que d'exécuter la volonté de sa tortionnaire. L'opératrice se retourna donc vers la console et entra quelques lignes de codes sous le regard appréciateur de la Naos qui continua de lui susurrer des paroles inaudibles à l'oreille.

Un avertissement apparut sur la console tandis que Deazia tapait une nouvelle ligne d'instruction avant de valider. Le message disparut de l'écran, laissant l'affichage libre de toute information.
- Bien, très bien Deazia. Dit la Naos tandis que la jeune femme se laissait aller contre son dossier, épuisée par les évènements.

Sans même une parole ou un avertissement, la Naos planta la lame triangulaire d'un poignard sous la nuque de l'opératrice Deazia qui se redressa vivement avant de s'affaisser sur le siège et de tomber au sol. Aussitôt, un cri de terreur suivit de courtes rafales de fusils rayonnants détonnèrent dans la salle lorsque les soldats exécutèrent les membres de l'équipe radar.

Un soldat s'approcha de Maliri qui agonisait toujours sur le sol, détaillants les corps sans vie parsemés de cratères fumants dispersant une odeur de peau brûlée, une odeur de mort. Il le mit en joue avant de raidir sous la pression de la main gantée de l'exo-armure Calystéra sur son épaule.
- Non, celui-là nous l'emmenons avec nous. L'informa-t-elle, ayant de nouveau remis son heaume.
- Bien, Capitaine.

Le Soldat siffla un de ses camarades qui vînt l'aider à redresser Maliri. Le Sergent-chef essaya vainement de se débattre avant que l'un des deux guerriers ne lui assène un violent coup de crosse sur la nuque, l'envoyant finalement dans les ténèbres.

Le Capitaine en exo-armure observa quelques instant les corps ensanglantés autour d'elle et le chaos enflammé qui s'étendait au dehors avant de réprimer un rire sadique et de sortir à la suite de ses guerriers.

Alors que les pas de l'escouade se perdaient au loin, laissant seulement les seules sourdes explosions des munitions et des incendies à l'extérieur, un léger bip électronique retentit dans la tour radar.


A coté du corps sans vie de l'opératrice Deazia, l'écran hololithique de la console était toujours entièrement vierge hormis un petit icône verdâtre dans un coin. L'icône clignotait faiblement, laissant apparaître en semi-continu une courte suite de caractère :